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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 06:00
Extait de la Voix du Nord du 07 juin 2010

lundi 07.06.2010, 05:08  - La Voix du Nord

 À gauche: Nadine Goret (au premier plan) exprime les inquiétudes d'une profession, en marge d'une enquête de la CFDT. À droite: Martine, l'aide à domicile, auxpetits soins pour sa cliente Josiane. 
À gauche: Nadine Goret (au premier plan) exprime les inquiétudes d'une profession, en marge d'une enquête de la CFDT. À droite: Martine, l'aide à domicile, auxpetits soins pour sa cliente Josiane.
| SOCIÉTÉ |

Les aides à domicile ? Un métier qui plaît à celles qui l'exercent, mais stressant, mal considéré et pas très bien payé. Voilà ce qui ressort d'une enquête menée par la CFDT Nord - Pas-de-Calais. Le constat n'est pas anodin si l'on considère que la région compte environ 16 000 aides à domicile dans le secteur associatif, celui qui nous intéresse aujourd'hui.

 

 

PAR CHRISTOPHE CARON

PHOTOS CHRISTOPHE LEFEBVRE ET ÉDOUARD BRIDE

 

Pourtant, l'aide à domicile et le service à la personne en général étaient considérés il y a peu comme une activité novatrice et un gisement d'emplois nouveaux. Non pas que la tendance soit forcément inversée aujourd'hui, mais la nature des emplois proposés donne le blues à pas mal d'aides à domicile. Comme à Nadine Goret par exemple. Elle est « technicienne de l'intervention sociale et familiale » pour une association de Liévin : « Imaginez : vous êtes seule, avec une personne en état de dépendance. Vous devez effectuer une intervention d'une demi-heure pour faire la toilette. Mais bien souvent, il faut aussi préparer les choses. Chercher la bassine pour la remplir d'eau chaude. Il faut chronométrer, alors que la personne attend des relations sociales. Cela peut engendrer du stress, et parfois des gestes maladroits ou brutaux parce qu'il faut allervite. »

Métier solitaire

La CFDT Nord - Pas-de-Calais a voulu mesurer ce type d'états d'âme par le biais d'une enquête réalisée auprès des salariés des structures associatives d'aide à domicile de la région. La confédération syndicale a reçu 416 témoignages, ce qui donne un certain crédit aux données recueillies.

 

Le profil ? Des femmes (à 99 %), majoritairement âgées de 41 à 60 ans (60 %), travaillant à temps partiel choisi (47 %) ou imposé (22 %), et dont les salaires se situent en dessous des 1 000 euros net (65 %). Elles sont néanmoins 63 % à trouver que leur travail est intéressant et motivant. « En résumé, elles aiment leur métier mais souhaiteraient l'exercer dans de meilleures conditions », indique Philippe Perrault, secrétaire régional de la CFDT. D'après les données recueillies, 76 % des salariés interrogés déclarent subir du stress et 55 % souffrent de troubles musculo-squelettiques. Viennent s'y ajouter les questions de formation et de responsabilité, mais aussi de rythme (7 jours sur 7) et d'horaires (jusqu'à neuf clients par jour, davantage le week-end). Une situation qu'il faut par ailleurs gérer en solitaire. « Elles ne se rencontrent jamais, poursuit Nadine. Peu de structures organisent des rencontres entre elles, ce qui complique l'identification des problèmes professionnels. » Conclusion de la CFDT : « Dans une région où les besoins sanitaires sont très forts, il faut mettre en place une réflexion collective et interpeller les financeurs, les conseils généraux, la caisse régionale d'assurance maladie. »

Heures en baisse ?

 

Les autres organisations syndicales ne sont pas en reste et voici quelque temps, c'est la CGT qui a organisé une manifestation sous les fenêtres du préfet pour défendre les aides à domicile.

 

Avec des revendications radicales sur les salaires, les conditions de travail... et surtout des moyens financiers en baisse. La faute à qui, selon la confédération ? À l'État qui ne compense pas les transferts de charges sur les collectivités territoriales, notamment les conseils généraux qui, du coup seraient obligés de serrer leurs budgets et de réduire le nombre d'heures d'APA distribuées (allocation personnalisée d'autonomie).

 

Or l'APA peut permettre à des personnes âgées dépendantes de financer l'intervention d'aides à domicile (en général, une heure est tarifée de 18 à 21 euros).

 

« Je suis seule à travailler à la maison, mon mari étant invalide, explique par exemple Marie-Annick Pauquet, 51 ans, salariée d'une association employant 162 personnes à Mortagne-du-Nord. J'assure le seul vrai revenu et je crains qu'on ne réduise mes heures. J'ai des collègues qui sont passées de 100 heures à 50 heures mensuelles. » L'inquiétude est perceptible. Mais la flamme est loin d'être éteinte : « On se sent utile quand on aide une personne. Je fais leur toilette, je les installe dans leur fauteuil, je les couche si c'est le soir.

 

En général huit personnes par jour. On leur parle. C'est du lien social. On est dans leur intimité. Ce contact nous enrichit, nous aussi. » Et de conclure que si elle n'aimait pas son métier, elle ne l'exercerait pas depuis vingt-six ans. •

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